Actuellement, plus de 80% des distances parcourues le sont dans une automobile. Néanmoins, après des décennies de triomphe sans partage, l’automobile connaît une profonde remise en question du fait de la pollution planétaire. Moyen de transport individuel, la voiture pose une double problématique : son empreinte carbone liée à sa production mais aussi celle qui découle de son utilisation dans l’espace urbain notamment. Depuis son origine à la fin du 19e siècle, l’automobile a suscité de nombreux débats entre enthousiasme, interrogations et rejet. Son “enfance”, entre les années 1880 et 1914, période qualifiée de “Belle Époque”, explore nombre de problématiques qui vont s’imposer par la suite. Saviez-vous, par exemple, que l’invention de la voiture électrique date du 19e siècle ? Saviez-vous également qu’en 1898, une femme obtient pour la première fois son permis de conduire ? Autour des années 1905, la moitié de la production automobile mondiale est réalisée en France, perçue alors comme la championne dans ce domaine. Constructeurs, Salons de l’automobile – on parle alors d’automobilisme -, et courses en tous genres, vont révolutionner la société. Mais en cette période de balbutiements, d’expériences sportives et d’innovations effrénées, l’automobile rencontre des résistances. Comment la société accueille-t-elle alors la “voiture sans cheval”, jouet d’une élite qui induit à l’époque tant d’accidents et remet en cause le modèle historique du transport hippomobile ?
Exposition à imprimer par vos soins aux formats A3 (collèges et lycées), A2, A1 ou jusqu’à 1m de hauteur. Quatre affiches au choix, une intro, 13 panneaux analyse/histoire et 23 panneaux documents pleine page. Redevance pour Mairies, Médiathèques, Centres culturels, Universités : 400 euros TTC. Collèges et Lycées (format A3 100 euros et A2 : 200 euros). La redevance vous permet d’exposer les panneaux sans condition de durée ou de date mais dans un lieu unique.
Conférences ou animations pédagogiques (ateliers, visites guidées) sur le sujet de l'exposition.
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C’est au 18e siècle que l’ingénieur Nicolas Joseph Cugnot a l’idée de remplacer la force animale qui permet de mouvoir une voiture par la force motrice. A l’époque, ce sont bien sûr les recherches sur la machine à vapeur qui permettent de mettre au point un tel engin. Néanmoins, lorsque Cugnot inaugure sa machine en 1770 (le fardier, un exemplaire unique), les freins, insuffisants, ne permettent pas d’éviter l’accident. En France, les recherches s’arrêtent alors. L’Angleterre, très en avance dans sa révolution industrielle, préfère de son côté privilégier le développement du train. C’est à la fin du 19e siècle que la révolution de l’automobile à lieu. En France, nombre d’ingénieurs vont alors se lancer dans l’aventure de la “voiture sans cheval”.
Tout au long du 19e siècle, l’idée d’un véhicule “auto-mobile” est reprise et perfectionnée, en Angleterre notamment. Néanmoins, de l’autre côté de la Manche, une loi favorise le train au détriment de l’automobile. En France, des progrès conséquents sont apportés par Amédée Bollée dans les années 1870. À l’époque, un problème crucial est posé par la direction. Avec une unique roue à l’avant, la direction est plus maniable, mais la voiture est instable. Avec quatre roues, tourner est très compliqué lorsque c’est l’essieu avant entier que l’on doit tourner. Amédée Bollée résout le problème de la direction sur véhicule à quatre roues, son invention étant rapidement généralisée. Dans les années 1870-80, les premiers modèles de voitures sont équipés de moteurs à vapeur. La décennie 1880 voit le lancement des premières autos dotées de moteurs atmosphériques beaucoup plus légers et surtout de démarrage instantané.
Avant que les marques Panhard, Renault et Peugeot ne s’imposent, le comte Albert de Dion (ci-dessus) va donner naissance à la première entreprise de fabrication d’automobiles en séries et devient, en 1900, le plus grand fabricant au monde. Il lance en 1899 le “Vis à vis”, petite voiture à châssis en tube d’acier et moteur monocylindre refroidi à l’eau. Il va produire également en série “La Populaire”, déclinée en différentes versions. Certains de ses modèles atteignent les 60 km/heure, du jamais vu à l’époque ! On lui doit le lancement de la course automobile Paris-Bordeaux, le premier Salon de l’Automobile de Paris en 1898, et également le journal L’Auto, qui deviendra L’Équipe après la Seconde Guerre mondiale.
En 1895, les passionnés d'automobiles, dont le comte de Dion, organisent une course entre Paris et Bordeaux aller-retour au mois de juin. La course est doublée d'une exposition des véhicules qui se tient au Champ de Mars à Paris et rencontre un franc succès. Mais c'est en 1898 que se tient le premier véritable salon de l'automobile, sous le nom d'Exposition internationale d'automobile au Jardin des Tuileries. L'événement est organisé par l'Automobile Club de France aux mois de juin et juillet. Plus de deux cent modèles sont exposés par 269 exposants dont 77 constructeurs. La fréquentation a été importante, avec 140 000 visiteurs, alors que la voiture est encore un moyen de transport confidentiel, réservé à une élite.
L’automobile intéresse rapidement les industriels, avec l’apparition de constructeurs spécialisés dans ce domaine dans les années 1890. Dès 1891, Panhard & Levassor voit le jour et se lance dans la construction des premières voitures en série. La même année, l’entreprise Peugeot, fondée en 1810, décide de se lancer également dans la course à l’automobile. Amédée Bollée père et fils, forts de leur expérience dans le domaine des voitures à vapeur, adoptent le moteur thermique à essence en 1895. On peut également citer Bouton – De Dion, Berliet, et encore Renault qui construit en 1896 une première voiture à Billancourt. La France est alors championne en la matière puisqu’en 1903, l’industrie automobile tricolore voit sortir de ses ateliers plus de 30 000 véhicules, c'est-à-dire quasiment la moitié de la production mondiale. Trois fois plus que les Etats-Unis, dont la production s’élève alors à 11 000 unités !
A la Belle Epoque, routes et chemins n’ont pas été conçus pour des engins lancés à grande vitesse. Si l’automobile dispose alors de suspensions et de systèmes de freinage insuffisants mais régulièrement améliorés, l’espace public n’est pas adapté à sa vitesse grandissante : l’absence de signalisation et la diversité des types de véhicules (à bras, à cheval, à vapeur, à moteurs thermiques), entraînent une multiplication d’accidents parfois mortels. Les journaux illustrés ou satiriques de la Belle Epoque sont truffés d’images de ces faits divers réels ou fantasmés, mettant en scène les ravages produits par des machines mal maîtrisées. Le grand responsable n’est alors ni l’état des routes, ni le niveau de sécurité des véhicules, mais le conducteur lui-même, souvent présenté comme un être arrogant qui sème la terreur sinon la mort sur son passage.
Passionnés et industriels ont deux objectifs dans ces années d’expérimentations : augmenter les performances des véhicules et populariser l’automobile par l’organisation d’événements médiatiques. Les courses automobiles vont se multiplier à la Belle époque, avec leur cortège de festivités mais aussi d’accidents parfois mortels. En France, la première compétition est organisée en 1894 (Paris-Rouen). Très vite, les courses prennent un caractère international, invitent les concurrents à s’élancer d’une capitale à une autre. De nombreux notables participent à ces courses. Pour les constructeurs et les chauffeurs, alors soumis à rude épreuve, il s’agit de montrer que la machine fait preuve d’une belle endurance et qu’elle est capable également d’arriver en tête.
Les pneumatiques jouent un rôle très important dans le système d’amortissement des irrégularités de la route. Le personnage de Bibendum, inventé pour Michelin par le dessinateur O’Galop, connaît à l’époque un énorme succès. Selon la réclame de l’époque, le pneu “boit” l’obstacle. Bibendum devient un personnage comique dans la presse humoristique.
À la Belle Epoque, l’automobile demeure réservée aux classes aisées de la société. Certains “milliardaires” participent à ces fameuses courses automobiles largement médiatisées à l’époque. Chaque notable veut son automobile et n’hésite pas à se mettre en scène au volant de son bolide pétaradant pour le plus grand bonheur de la presse illustrée. Des automobiles à la taille adaptée sont même mises au point pour les enfants des familles les plus riches. A coté des courses, réservées à une élite de sportifs et d’aventuriers, l’automobile se conçoit également dans sa dimension distractive et touristique.
Le permis de conduire est institué en France en 1893. Cinq ans plus tard, une première femme obtient le fameux sésame et conduit sa propre voiture. À la Belle Époque, conduire une voiture est relativement difficile, éprouvant et dangereux, mais les résistances sont surtout sociales : seule une petite poignée de femmes (aristocrates, bourgeoises, femmes d’ingénieurs ou de constructeurs automobiles), passent le permis. À l’époque, des magasines prennent soin de conseiller ces dames sur le meilleur moyen de devenir une conductrice émérite. Malgré une idée reçue tenace en France, les femmes on nettement moins d’accidents que les hommes.
Signe de la fascination immédiate des médias pour les innovations de la Belle Époque, la caricature politique intègre rapidement dans sa palette de métaphores celle de l'automobile. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les caricaturistes recourent à ce motif pour accabler leur cible, propriétaires ou conducteurs d'un véhicule : la voiture est invoquée pour sa lenteur, sa dangerosité, son incapacité à permettre à ceux qui la conduisent d'arriver à bon port, c'est à dire à mener les réformes à leur terme. À la Belle Époque, c’est le journal catholique, antisémite et très conservateur Le Pèlerin qui publie le plus grand nombre de caricatures politiques recourant à cette métaphore automobilistique. Dans d’autres journaux, la voiture peut également être envisagée comme un marqueur social, elle est associée aux riches, aux députés ou aux parvenus dans la caricature d’extrême gauche.